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Le vent était tombé. Ça n'arrivait pas souvent.
Ces derniers jours, les réponses qu'il portait (mais à quelles questions? qui posait encore des questions?) n'avaient été que les cendres, encore brûlantes, de l'incendie qui maintenant peu à peu s'éteignait. Auparavant, c'était la plupart du temps un vent de sable, chargé des poussières du désert. Et, parfois, d'un morceau d'étoffe, ou de quelque déchet qu'on ne pouvait identifier, traces incertaines abandonnées, pensait-on, par les gens des dunes. On ne s'en étonnait pas. Les réponses du vent n'avaient pas de questions.
Quand il soufflait de l'autre côté, par contre, on s'offusquait. On étouffait dans l'air humide des marécages. C'était le vent du large, mais l'iode et le sel s'étaient perdus dans les bourbiers, et l'air, ces jours-là, était lourd de la puanteur douceâtre des décompositions stagnantes.
Mais aujourd'hui, le vent était tombé.