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L'air du large, là dehors
23 mars 2010

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S'exposer à la fragilité qui tremble en chacun de nous. Contre l'assurance arrogante de l'intellectuel qui a de toute façon tout compris. Mais aussi contre l'assurance imbécile de celui (ça peut être le même…) qui croit avoir compris qu'il n'y avait rien à comprendre. C'est vrai qu'il n'y a rien à comprendre – mais cela, nous ne pouvons pas le comprendre. Parce que cela, quand ça nous touche, nous emporte dans le dehors, en nous, qui nous retourne. Et le dehors ne peut pas être compris: ce qui est compris est par là même dedans, enfermé. Il n'y a donc littéralement rien à comprendre. Même pas cela. Celui qui croit l'avoir compris verrouille le plus sûrement en lui l'espace de ce vide qui irradie la vie.
Il y a évidemment quelques raisons d'en désespérer: la force des conventions qui nous encadrent, et que nous comprenons si bien (ou plutôt, ce sont elles qui nous comprennent), est si puissante. Ce n'est toutefois pas exactement une question de liberté. Ou alors, «liberté» ne désigne rien d'autre que le tremblement sauvage en nous, qui nous exige et nous livre à l'instable. Et s'il n'y a pas la possibilité de répondre à cet appel, la possibilité d'une fidélité même minimale à ce qui toujours devient en nous – alors à quoi bon? Alors en effet il vaudrait mieux s'abrutir à l'aide des puissants narcotiques que nous offre notre «civilisation». Et devenir des imbéciles – c'est-à-dire renoncer à devenir.

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